Le 1er jour à Gorée…
Nous voilà en route pour l’Ile de Gorée… une joie intense et en même temps une légère appréhension de pouvoir être submergée par les émotions tant on nous a vanté ce ressenti qui envahit celui qui foule le sol de Gorée.
Pour éviter la foule des touristes, le choix était vite fait ! Il faut dormir sur place, profiter du coucher de soleil et de la population de l’île, qui après le départ des visiteurs, ose enfin se réapproprier sa terre.
La mer est d’huile, l’odeur du gasoil me chatouille le nez. Le bateau est presque vide … à peine 50 personnes … Au large de l’île on peut voir un gros navire sur lequel est inscrit « Kamol LNGT Powership Africa », qui ressemble à ces bateaux qui transportent du gaz et du pétrole.
Des pêcheurs dans leurs pirogues ont jeté un filet …On s’approche… le ronron du moteur et les remous du sillage tracés par la navette s’harmonisent. Je sens ma poitrine se serrer… je déglutis … l’appréhension s’installe…
Nous contournons l’île. La navette lance son klaxon pour annoncer notre arrivée imminente…
Au loin des gens se baignent. Je n’ai pas envie de parler … ni ceux qui m’accompagnent d’ailleurs. Seuls les habitués continuent à parler. Des jeunes garçons sur la plage en maillot vert disputent un match de football.
Ça y est ! J’ai posé le pied à Gorée . Deux jeunes femmes s’avancent pour accueillir les passagers. L’une d’elles s’appelle Dior comme Christian Dior dit-elle. Elles sont vendeuses d’artisanat et de pacotilles. Venant de Guadeloupe, nous sommes un peuple privilégié de par l’histoire qui nous lie. Très rapidement nous sommes considérés comme des frères et sœurs par ces habitantes.
Les ruelles de Gorée sont étroites, pavées et joliment entretenues de bosquets fleuris et verdoyants. Les maisons de pierres sont nombreuses et jouissent de la mitoyenneté avec des maisons plus récentes en briques de couleurs ocre et terre de sienne, rappelant celles des régions méditerranéennes.
« Chez Eric » ! c’est cette jolie maison d’hôtes pleine d’objets d’art africain. Elle possède un petit patio intérieur très coquet, où pénètre le soleil par beau temps. C’est ici que je dépose mon sac pour la nuit ! Aussitôt ressortie, je me dirige vers la maison du gouverneur, la Biennale expose Jean-Marc Hunt et Corentin Faye. Tous les deux vivent en Guadeloupe, même si le premier est guadeloupéen alors que le deuxième est sénégalais. Je suis ravie et fière que la Guadeloupe soit représentée ! Un beau travail qui mérite qu’on s’y attarde dans un autre chapitre.
Alors que je regardai l’horizon non loin de la maison des esclaves fermée à cette heure, je pensais en silence qu’il aurait été appréciable qu’un habitant de l’île puisse me parler de Gorée. Comme un vœu exaucé, Omar, l’homme sans doute le plus populaire de l’île, est apparu comme par enchantement à la croisée de deux rues dont les maisons ressemblent à deux bateaux.
Il est guide et connaît son île et son histoire sur le bout des doigts. Chaque coin, recoin de l’île n’a plus de secret pour lui. Il en connaît les moindres détails, les moindres dates … Un peu comme une bible je découvre l’histoire de Gorée, de ces monuments, celles des hommes célèbres qui y ont laissé une empreinte.
Gorée by night est absolument délicieuse…Les touristes ont quitté l’île et l’âme véritable de l’île et de ses habitants reprend le dessus. J’aime cette douceur et ce silence, loin du tumulte et de l’effervescence quotidienne que subit l’endroit.
Omar me présente avec son débit saccadé tous ces bâtiments qui partent de l’embarcadère jusqu’au Castel. Ancienne forteresse, les bunkers sont habités par une communauté artistique de danseurs de musiciens, ou encore de plasticiens. Arrivée tout en haut, sur le plateau où trône une immense sculpture en forme de bateau, on peut découvrir la vue panoramique, le ciel et les étoiles essayant timidement de percer la brume encore visible… Allongée au sol sur le point culminant de Gorée, je n’ai qu’une envie…y passer la nuit à la belle étoile...
Deborah Vey.
Musique : ''Makeda'' des Nubians
[jonathan CHASTE]