Cette pièce, d’une densité chromatique presque mystique, s’inscrit dans sa série Éclosion, véritable itinéraire spirituel où la matière devient langage de l’âme. À travers un usage sensible du couteau, de la spatule et de la texture, Yolande Oxybel explore la guérison intérieure, la mémoire corporelle et la réconciliation de l’être. Les strates de peinture, tantôt diaphanes, tantôt incandescentes, traduisent le dialogue entre le corps et l’esprit, entre le silence et la renaissance.
L’artiste confie :
« J’ai dansé les yeux fermés, portant avec moi la lutte de l’enfance à l’âge adulte, du silence aux cicatrices. Sous chaque geste s’ouvrait une mémoire ancienne. Alors j’ai compris : je ne devenais pas, je me souvenais de l’être. Dans ce souvenir, la guérison est née. »
À Milan, ce souffle poétique et introspectif s’est imposé avec une force tranquille. L’œuvre, à la fois abstraite et tactile, ne cherche pas à plaire : elle cherche à révéler. Entre les pigments verts et or, les sillons rouges et noirs, se déploie une topographie émotionnelle, un espace où le visible rejoint l’invisible.
Déjà exposée à Paris, Giverny, Garges-lès-Gonesse et au Museum of Tokyo, Yolande Oxybel poursuit une quête picturale qui dépasse les frontières. Son art ne se contente pas de représenter : il transmute. Il rappelle que la peinture, lorsqu’elle touche à l’essence de l’être, devient prière.
Milan, cette fois, aura vu éclore une vérité simple et bouleversante : dans la couleur, Yolande Oxybel se souvient — et nous apprend à nous souvenir de nous-mêmes.