Le 28 octobre 2005, elle entrait dans l’histoire. Paule-Élise Aglaé devenait, dans un silence médiatique aussi assourdissant qu’injuste, la première femme d’affaires noire de l’Hexagone. Mais ce titre, presque réducteur à l’échelle de sa vie, n’était que l’écho d’un long chemin de pierre, d’une ascension bâtie sur la foi, la sueur, et ce feu intérieur que rien ne semble pouvoir éteindre.
Son récit, Le clair et l’obscur, est un chant de vie. Un voyage littéraire et existentiel, traversé de douleurs profondes et de résurrections éclatantes. « J’ai embrassé la mort», dit-elle, comme enlacer l’oubli. Mais la vie, cette amante imprévisible, lui a rappelé sa fidélité.
Paule-Élise Aglaé n’est pas seulement une femme d’entreprise ou une plume affirmée. Elle est aussi une insatiable voyageuse, une globe-trotteuse de l’âme, elle a foulé plus de qutre-vingt pays, non pour fuir, mais pour se nourrir. Chaque frontière franchie, chaque visage croisé, est devenu une ligne de plus dans son manuscrit intérieur.
Ses conférences, données aux quatre vents du monde, ne sont jamais des leçons. Elles sont des fenêtres ouvertes sur l’espoir, des invitations à croire que la lumière peut surgir même au plus dense de la nuit.
Lors de notre échange, j’ai vu une femme souriante, douce, pétillante — une lumière calme, mais intense. Une fenm djok, comme on dit en créole : une femme forte, solide, debout malgré tout. Et pourtant, toute en délicatesse.
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Sa résilience ne relève ni du discours ni de la mise en scène. Elle est matière vive. Une matière qu’elle sculpte à même les mots, les silences, les regards — avec cette gravité lumineuse propre aux âmes forgées par l’épreuve.
Il faut lire ce livre pour s’en convaincre. Car ce n’est pas seulement une autobiographie : c’est un voyage intérieur, une traversée initiatique à laquelle elle nous convie. Et chacun, à son rythme, y trouvera une étincelle pour rallumer son propre feu.
Comme le disait Sénèque, dont elle se fait l’écho : « La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » Et elle danse, Paule-Élise. Non pas pour oublier la pluie, mais pour l’apprivoiser.
Ce samedi-là , entre les murs feutrés de Calypso, il ne s’agissait pas simplement de tourner les pages d’un livre, mais de traverser une existence. Une femme s’est levée, pareille à un soleil après la tempête, irradiant l’espace de sa force sereine et de sa lumière intérieure.
Le courage, à ses côtés, ne se résumait plus à l’absence de peur, mais devenait l’élan tenace de continuer, malgré l’abîme, malgré l’épreuve.
Paule-Élise Aglaé ne se limite pas à son statut de pionnière. Elle s’impose comme un phare, une vigie pour toutes celles et ceux que la nuit inquiète. À tous ceux qui doutent encore de leur lumière, elle tend ce message, limpide et ardent : il n’est jamais trop tard pour écrire sa propre légende.
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