Né d’une passion pour les comics, le manga et le cinéma, HoriZone est devenu un véritable écosystème culturel. Fondé par Smith-Jim et Toki, le projet se transforme aujourd’hui en association pour soutenir les créateurs indépendants, promouvoir la diversité narrative et redonner vie aux œuvres oubliées. Entre bande dessinée, ateliers et édition indépendante, HoriZone veut réinventer la manière dont on raconte et partage la culture populaire.
Des origines ancrées dans la passion« Salut, moi c’est Smith-Jim. »
C’est par ces mots que commence l’aventure HoriZone. Cofondateur du projet, Smith-Jim se décrit comme un enfant des comics : « J’ai reçu ma première bande dessinée à cinq ans — un Marvel. Depuis, je n’ai jamais décroché. »Lecteur passionné de One Piece, Naruto ou Bleach, il développe très tôt un goût pour la narration visuelle. Peintre et dessinateur, il travaille aussi depuis plus de dix ans dans le milieu du cinéma, côtoyant acteurs, distributeurs et chaînes. « Que ce soit dans mon métier ou mes loisirs, j’ai toujours évolué dans la culture populaire. C’est là que je me sens à ma place. »En 2016, Smith-Jim lance HoriZone sous la forme d’un simple compte Instagram, bientôt prolongé par un site web. Mais très vite, le besoin de se structurer apparaît. « Être organisé, c’est pouvoir avoir plus d’impact », confie-t-il.
Smith-Jim et Toki
De la plateforme à l’associationLe passage d’HoriZone au statut d’association naît d’un constat simple : beaucoup d’auteurs talentueux ne trouvent pas leur place dans le paysage éditorial.
« Certaines maisons imposent des compromis qui dénaturent les œuvres. Nous, on veut accompagner les artistes sans qu’ils aient à sacrifier ni le fond ni la forme », explique Smith-Jim. C’est dans cette optique qu’en 2025, l’association HoriZone est officiellement créée.
Une étape franchie après une année de collaboration fructueuse entre Smith-Jim et Toki, illustrateur et auteur de bande dessinée depuis 2008. Designer de métier, passionné par la narration visuelle, Toki rejoint Smith-Jim en 2023 avec une ambition commune : créer une maison d’édition indépendante.« On s’est rencontré autour d’une idée : lui voulait éditer, moi produire », se souvient Toki.
Avant de se lancer, les deux testent leur alchimie à travers un podcast, Les Derniers de la Classe, consacré aux dessins animés obscurs des années 90.
« On voulait redonner une visibilité à des créations tombées dans l’oubli », raconte-t-il.
Mettre en lumière l’invisibleCette philosophie devient la colonne vertébrale d’HoriZone.
« Nous avons une profonde envie de parler de choses intemporelles, mais aussi de mettre en lumière ce qui a été invisibilisé », explique Toki. Sur le site d’HoriZone, il signe des articles sur le cinéma, préférant les films indépendants aux blockbusters. « Ce sont des œuvres parfois difficiles à trouver, mais qui ont quelque chose à dire. C’est ce qui nous anime : parler de créations qui ont du sens, mais que peu de gens regardent. »Leur première publication illustre parfaitement cet état d’esprit : Contra Doxa, une bande dessinée audacieuse et introspective.
« Le titre signifie littéralement “à l’opposé de la pensée dominante”. C’est exactement la direction que nous prenons et ce qui nous différencie des autres », précise Toki.
Contra Doxa : la ville, le mental et l’ombreContra Doxa se déroule dans une mégalopole fictive, « la ville ultime », symbole de la densité urbaine et de ses dérives.
« Je me suis demandé quel effet une telle concentration humaine pouvait avoir sur le cerveau. L’histoire suit des personnages qui ont complètement vrillé, des marginaux perdus dans le système », raconte Toki. L’œuvre aborde la maladie mentale, l’impact des villes sur nos comportements et la tension entre individualité et environnement.
« On le ressent tous : quand on quitte une grande ville pour la campagne, on se sent apaisé. Et sur le chemin du retour, on sent qu’un basculement s’opère. Ce changement, c’est ça que Contra Doxa explore. »La bande dessinée, loin d’un récit optimiste, se veut un miroir des déséquilibres modernes. Elle paraîtra en novembre 2025 aux éditions 46 WorkZone, branche éditoriale de l’association HoriZone. Disponible sur le site HoriZone.fr, sur Amazon et dans des librairies spécialisées, l’ouvrage marque la première pierre d’un édifice artistique et engagé.2026 : ateliers, transmission et ouvertureMais HoriZone ne compte pas s’arrêter là.
« En 2026, nous organiserons des ateliers autour de la narration par l'image », annonce Smith-Jim.
Ces rencontres aborderont la manière de raconter une histoire visuellement, que ce soit dans un livre ou à l’écran.
« On veut enseigner comment traduire une émotion par l’image, construire un récit, et adapter la narration selon le support », détaille-t-il.L’association prévoit aussi d’accompagner d’autres auteurs, qu’ils soient publiés chez HoriZone ou non.
« Notre objectif, c’est d’aider les artistes à mener leurs projets à terme. Qu’il s'agisse de bande dessinée ou d’autres formes d’expression », poursuit Smith-Jim.Pour cette première phase, le rythme restera volontairement mesuré.
« On vise une ou deux publications par an. On préfère la qualité à la quantité, mais on reste ouverts à toute proposition. »Une autre manière de raconter le mondeÀ travers HoriZone, Smith-Jim et Toki défendent une vision inclusive et ouverte de la culture.
« Nous voulons créer des passerelles entre différentes manières de raconter une histoire », explique Toki.
« Que ce soit dans la littérature afro-descendante, antillaise ou asiatique, il existe des récits puissants qui méritent d’être entendus. »HoriZone aspire ainsi à devenir un pont entre les cultures et les imaginaires, un espace de liberté pour les voix singulières. Plus qu’une association, c’est un manifeste pour la créativité indépendante, un appel à redonner à la culture populaire sa valeur universelle et intemporelle.« Nous voulons parler de ce qui compte, de ce qui vit, de ce que le monde oublie, conclut Smith-Jim. Pour que rien de ce qui a de la valeur ne reste dans l’ombre. »
Jonathan CHASTE